Art et Bibliothérapie - Le pouvoir des livres, des récits et de l'art
- Silvia Vannozzi
- 30 août 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 oct.

Je souhaite partager quelques réflexions sur l’Art et les livres, en commençant par moi-même.
Au-delà d'une simple introspection, il me semble essentiel d'illustrer mes pensées pour donner tout son sens au titre de cet article.
Comme je l'ai exposé sur mon site, mon parcours initial a débuté par des études classiques, évoluant vers une spécialisation en Histoire de l'Art. Pourquoi une historienne de l'art comme moi a-t-elle également suivi une formation en bibliothérapie ?
Pour répondre à cette question, je vais te donner deux explications..
La première raison de mon intérêt pour l'histoire de l’art , en particulier celle du Moyen Âge, pour l’Iconologie , la mythologie et les archétypes, découle de mes études et de mes passions. C'est ainsi que j'ai découvert et adopté la distinction entre l'art sacré et l'art du sacré.
Tandis que l'art du sacré (soit une simple reproduction de sujets sacrés) ne m'a jamais véritablement captivée, l'art sacré a constitué le fondement de mes études et de ma thèse.

La stèle de Paitava :Un exemple d'art sacré, sujet de ma thèse de Maîtrise
Qu'est-ce que l'art sacré ? toute expression artistique qui ne s'adresse pas à notre rationalité, qui ne décrit ni n'illustre, mais qui touche notre âme et notre inconscient est art sacré.
Il transcende les frontières et les époques.
Il englobe une variété d'œuvres, telles que les icônes russes et byzantines, les créations de l'Antiquité (fresques, statuettes, bas-reliefs), ainsi que des chefs-d'œuvre comme les toiles mystérieuses de Hieronymus Bosch, sur lesquelles les théoriciens de l'art continuent de se pencher, ayant perdu la clé pour y accéder.
Mais il comprend également des œuvres d'art moderne ou contemporain de Mirò ou Chagall, ainsi qu'une multitude d'exemples d'art bouddhiste, méso-américain, du Proche-Orient, et bien d'autres encore..
quelques exemples d'art sacré
Venons à la deuxième explication : ce qui me fascine dans l'art (au-delà des liens avec l'histoire, la philosophie, ou la religion de son époque) n'est pas la technique, ni le style ou la structure, mais le message et les multiples strates d'interprétation, offrant à chacun - quel que soit son bagage culturel, sa sensibilité, son vécu et son tempérament - une "porte d'entrée".
Si l'initié ou le savant peut explorer toutes les strates de lecture d'un œuvre, chacun pourra découvrir au moins un message ou ressentir une émotion intense dans la contemplation de l'œuvre, car c'est là toute la quintessence d'une œuvre d'art sacré : nul besoin de croyance pour toucher la spiritualité d'une expérience.
Pour abréger ces réflexions, qui, comme à mon habitude, pourraient s'égarer et s'éloigner du sujet principal, on peut également lire une œuvre en fonction de ce qu'elle nous suggère, de ce qu'elle nous renvoie.
À ce propos, je pourrais partager mon expérience d'enseignante en histoire de l'art pour des collèges en banlieue romaine. J'ai accompagné des jeunes au niveau scolaire précaire, à la découverte de l'Art du Moyen Âge, les laissant libres d'interpréter les peintures sacrées.
Lors d'une journée à la Galleria Nazionale dell’Umbria l’une de collections d ’Art du Moyen Âge les plus riches d’Italie, j'ai été agréablement surprise de constater qu'ils ont non seulement participé sans rechigner, mais que leurs analyses étaient profondes et pertinentes.
L'absence de filtre intellectuel ou érudit leur a permis de saisir - au delà de la représentation religieuse - le message universel des tableaux, des crucifix et des majestés en gloire qui enrichissent le musée de Pérouse.
Installation de l'exposition sur le peintre Taddeo Di Bartolo à la Galleria Nazionale di Perugia
J'étais censée être leur enseignante, mais ce sont eux qui m'ont montré qu'il est possible de comprendre une œuvre d'art en s'y immergeant.
Après cette expérience, j'ai adopté l'idée qu’on peut s'immerger dans une œuvre d'art en se questionnant : « Que me dit-elle ? Me plaît-elle ? Me touche-t-elle ? » Puis vient la recherche du pourquoi.
Faisons appel à notre intuition, plongeons dans la lecture de l’œuvre à travers l'hémisphère droit du cerveau, celui de l'intuition et des émotions... Après seulement nous pourrions nous interroger sur le comment le où et pourquoi.
Et nous voilà à la bibliothérapie ! J'ai déjà exposé dans un autre article pourquoi la bibliothérapie dépasse le simple cadre d'un cercle de lecture.
Je voudrais ajouter une pensée fugace qui m'a traversé l'esprit ce matin : dans la lecture bibliothérapeutique d'un roman, nous ne nous contentons pas de suivre l'histoire des personnages, mais nous cherchons notre propre récit !
Cela signifie qu'un roman est un miroir, et il peut nous arriver que nous n'aimions pas toujours ce que ce miroir nous renvoie.
Pourtant explorer ce que nous souhaiterions cacher, les ombres qui se reflètent dans la lecture-miroir, constitue la véritable essence d'un parcours en bibliothérapie, celui qui nous guide vers le bien-être qu'elle est censée procurer.
Comme une œuvre d'art, tout comme un roman, peut nous captiver ou nous perturber, ne serait-il pas intéressant alors d'explorer nos émotions et de comprendre pourquoi tel roman ou tel personnage nous captive, ou nous perturbe ?

C'est là toute la richesse thérapeutique de la bibliothérapie, associée à l'utilisation d'œuvres artistiques.
Lors de mes séances de bibliothérapie, j'associe toujours les livres proposés à une œuvre d'art ou à un artiste, laissant aux participants le soin d'explorer ce lien.
En ma qualité d'historienne de l'art et de bibliothérapeute, j'ai su ainsi harmoniser passion et expertise, offrant en même temps des moyens plus riches pour leur bien être à ceux qui prennent part à mes ateliers.
Silvia Vannozzi






















Commentaires