J'ai quelques idées et réflexions à propos de l'art et des livres que j'aimerais partager avec toi. Pour commencer, je dois te parler un peu de moi..
Au-delà de toute apparence narcissique, il me semble crucial d'éclairer quelques détails à mon sujet pour donner du sens au titre de cet article.
Comme je l'ai exposé sur mon site, j'ai débuté par des études classiques avant de me spécialiser en Histoire de l'Art, ma grande passion
Alors, pourquoi une historienne de l'art, comme moi, a suivi ensuite une formation en bibliothérapie ?
Pour répondre, je vais maintenant te fournir deux explications.
La raison principale de mon intérêt pour l'histoire et l'histoire de l'Art, est liée à mes études et mes centres d'intérêt : le monde ancien, le moyen âge, la symbolique, les mythes et les archétypes. C'est ainsi que j'ai découvert et pleinement adhéré à la distinction entre l'art sacré et l'art du sacré.
Alors que l'art du sacré (celle qui reproduit simplement des images religieuses) ne m'a jamais vraiment captivé, c'est l'art sacré qui a été le pilier de mes études et de ma thèse finale pour conclure mes études universitaires
La stèle de Paitava :Un exemple d'art sacré, sujet de ma thèse de Maîtrise
L'art sacré, qu'est-ce que c'est ? C'est une forme d'art qui ne vise pas notre côté rationnel, qui ne décrit ni n'illustre, mais qui touche notre âme, notre être sacré, ou notre inconscient si tu préfères.
L'art sacré ne connaît ni frontières ni limites chronologiques.
Il englobe une variété d'œuvres telles que les icônes russes et byzantines, les œuvres de l'Antiquité (fresques, statuettes, bas-reliefs), ainsi que des chefs-d'œuvre comme les toiles mystérieuses de Hieronymus Bosch sur lesquelles les théoriciens de l'art continuent de se pencher, ayant perdu la clé ou la capacité d'y accéder.
Mais il inclut également des tableaux d'art moderne ou contemporain de Mirò ou Chagall, ainsi qu'une multitude d'exemples d'art bouddhiste, méso-américain, du Proche-Orient, et d'autres encore.
quelques exemples non exhaustifs d'art sacré
Venons à la deuxième explication qui est conséquente : ce qui me fascine dans l'art (au-delà des liens avec l'histoire, la philosophie, ou la religion de son époque) n'est pas la technique, ni le style ou la structure, mais le message et les multiples strates d'interprétation, offrant à chacun - quel que soit son bagage culturel, sa sensibilité, son vécu et son tempérament - une "porte d'entrée".
Si l'initié ou le savant peut explorer toutes les strates de lecture d'un oeuvre, chacun pourra découvrir au moins un message ou ressentir une émotion intense dans la contemplation de l'œuvre, car c'est là toute la quintessence d'une œuvre d'art sacré : nul besoin de croyance pour toucher la spiritualité d'une expérience.
Pour abréger ces réflexions, qui, comme à mon habitude, pourraient s'égarer et s'éloigner du sujet principal, on peut également lire une œuvre en fonction de ce qu'elle nous suggère, de ce qu'elle nous renvoie.
À ce propos, je pourrais partager mon expérience d'enseignante en histoire de l'art pour des collèges en banlieue romaine. J'ai guidé des jeunes au niveau scolaire précaire, à la découverte de l'Art du Moyen Âge, les laissant libres d'interpréter les peintures sacrées.
Nous avons passé une journée à la Galleria Nazionale dell’Umbria l’une de collections d ’Art du Moyen Âge les plus riches d’Italie et, à ma grande surprise, non seulement ont suivi sans rechigner ou s’ennuyer mais leurs analyses étaient profondes et justes.
Libérés de toute barrière intellectuelle ou érudite, ils ont su saisir le message universel transmis par les tableaux, les crucifix et les majestés en gloire qui enrichissent le musée de Pérouse.
Installation de l'exposition sur le peintre Taddeo Di Bartolo à la Galleria Nazionale di Perugia
J'étais censée être leur enseignante, mais ce sont eux qui m'ont montré qu'il est possible de comprendre une œuvre d'art en s'y immergeant.
Après cette expérience, j'ai adopté l'idée que, face à une œuvre d'art, les questions essentielles à se poser sont : "Que me dit-elle ? Me plaît-elle ? Me touche-t-elle ?"
Faisons appel à notre intuition, plongeons dans la lecture de l’œuvre à travers l'hémisphère droit du cerveau, intuitif et émotionnel. Puis vient la recherche du pourquoi.
Et nous voilà à la bibliothérapie ! J'ai déjà exposé dans un autre article pourquoi la bibliothérapie est bien plus qu'un simple cercle de lecture.
Je souhaiterais ajouter une pensée fugace qui m'a effleuré ce matin : dans la lecture bibliothérapeutique d'un roman, nous ne parcourons pas simplement l'histoire des personnages, mais nous y cherchons notre propre récit !
Cela signifie qu'un roman est un miroir, et comme souvent nous arrive, nous n'aimons pas toujours ce que nous renvoie ce miroir. Explorer ce qu’on voudrait cacher, les ombres dans le miroir, est la véritable essence d'un parcours en bibliothérapie, celui qui nous conduit vers le bien-être qu'il est censé apporter.
Mais une œuvre d’art autant qu’un roman peut nous captiver ou nous perturber : ne serait-il pas fascinant d'explorer nos émotions et de comprendre pourquoi ?
C'est là toute la richesse thérapeutique de la bibliothérapie, associée à l'utilisation d'œuvres artistiques.
Lors de mes séances de bibliothérapie, j'associe toujours les livres suggérés à une œuvre d'art ou à un artiste, laissant aux participants le soin d'explorer ce lien.
En ma qualité d'historienne de l'art et de bibliothérapeute, j'ai su ainsi harmoniser passion et expertise, offrant en même temps des moyens plus riches pour leur bien être à ceux qui prennent part à mes ateliers.
Silvia Vannozzi
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